Après nous avoir entraînés sur les hauts plateaux tibétains à la poursuite de l’invisible dans La Panthère des Neiges, Vincent Munier opère un retour aux sources. Avec son nouveau film, Le Chant des Forêts (en salles le 17 décembre), le photographe délaisse l’exotisme des lointains pour sublimer le « sauvage de proximité » : les vieilles forêts des Vosges qui l’ont vu naître.
Chez Nuru, nous suivons le travail de Vincent Munier avec une attention particulière. Non pas simplement parce que ses images sont belles, mais parce que sa démarche incarne une philosophie qui nous est chère : celle du temps long et de l’humilité face au sujet. Munier n’est pas un chasseur d’images, c’est un « passeur d’émotions » qui, plutôt que de capturer le monde, accepte de se laisser traverser par lui.
Une ode à la transmission
Ce nouveau long-métrage est sans doute son œuvre la plus intime. Munier y filme un trio : son père Michel, naturaliste de la première heure qui lui a tout appris, et son fils Simon, à qui il est temps de passer le flambeau.
Ensemble, ils arpentent les sous-bois en quête d’une ombre légendaire : le Grand Tétras. Mais plus qu’une traque animalière, le film est une école de la patience. On y apprend à s’effacer, à devenir « une créature parmi les créatures ». C’est un cinéma sensoriel, où le son — ce fameux « chant » des forêts — devient aussi crucial que l’image. C’est une invitation à écouter le vivant plutôt qu’à le consommer.
Pourquoi nous avons besoin de ce film
Dans une époque saturée de bruit et d’immédiateté, notre société traverse ce que Munier appelle très justement une « crise de sensibilité ». Nous avons désappris à regarder ce qui nous entoure.
Des contenus comme Le Chant des Forêts ne sont pas de simples divertissements ; ils sont des remèdes nécessaires. Ils viennent « souffler sur les braises de l’émerveillement », pour reprendre une idée qui traverse le film. Ils nous rappellent que la beauté n’est pas un luxe superflu, mais une condition essentielle à notre survie et à notre empathie.

Pour nous, créateurs de récits, ce film est une masterclass : il prouve qu’il n’est pas nécessaire d’aller au bout du monde pour raconter des histoires puissantes. L’aventure commence au pied d’un arbre, pour peu que l’on accepte, comme le clan Munier, de ralentir et d’ouvrir grand les yeux.
Le Chant des Forêts, un film de Vincent Munier. Au cinéma le 17 décembre.
